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LES GARIBALDIENS

En approchant d’Alcamo, frère Jean, qui marchait à cheval près du général, se pencha à son oreille et lui dit :

— Général, n’oubliez pas que vous êtes excommunié.

— Je ne l’oublie pas, mon frère, répondit le général ; mais que voulez-vous que j’y fasse ?

— Voici ce que je voudrais que vous y fissiez, mon général : nous vivons au milieu d’une population religieuse, plus que religieuse, superstitieuse ; eh bien, je voudrais qu’en passant devant l’église d’Alcamo, vous y entrassiez pour recevoir la bénédiction.

Garibaldi réfléchit un instant ; puis, faisant un signe affirmatif :

— C’est bien, dit-il, je ferai selon votre désir.

Tout joyeux de cette concession, qu’il croyait devoir être plus disputée, frère Jean mit son cheval au galop, prit les devants, s’arrêta à l’église, prépara un prie-Dieu avec un coussin pour l’agenouillement du général, revêtit une étole, et attendit.

Mais, soit oubli de la promesse qu’il avait faite, soit désir de l’esquiver, Garibaldi passa devant l’église sans y entrer.

Frère Jean s’aperçut de cette fugue ; ce n’était point son affaire. Tout moine, depuis l’évêque de Reims baptisant Clovis jusqu’au frère Jean bénis-