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LES GARIBALDIENS

jugea en nombre assez considérable pour faire révolter le Cilento. Muratori, gagné par l’enthousiasme général, déclara qu’il m’abandonnait pour prendre le commandement de ces cinquante volontaires. Je le fis capitaine, nomination qui fut confirmée à l’unanimité ; je nommai l’auteur de la proclamation son lieutenant ; je donnai à chacun d’eux une carabine et vingt-cinq cartouches, et ils se mirent en route. Muratori prit sur lui trois ou quatre cents francs, me laissant le reste de sa bourse, fort diminuée. Le pauvre garçon était venu à mon bord avec plus de trois cents louis, et à peine lui restait-il mille francs. Dans son patriotisme, il avait répandu l’argent à pleines mains[1].

Je suivis des yeux les quatre barques, qui, cette fois, n’eussent pas fait mentir M. Delamarre, et qui avaient assez l’air d’être montées par des flibustiers. Un instant après qu’elles eurent pris terre, Muratori et ses hommes disparurent dans la montagne.


Pendant ce temps, une jolie brise du nord-est s’était faite et nous poussait grand largue vers Messine ; nous mîmes toutes nos voiles au vent, même

  1. Hâtons-nous de dire que cet argent ne lui a jamais été remboursé, quoique, en rentrant à Naples, il ait retrouvé son ami don Liborio Romano au ministère, comme il l’y avait laissé.