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Page:Dumersan et Brazier - Monsieur Cagnard ou les Conspirateurs.djvu/11

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Scène VII.

M. DELAUNE, MADAME DELAUNE, AGATHE.
Madame Delaune, très agitée.

Eh bien !… c’est joli !… pendant que vous êtes là tout tranquilles, il se passe de belles choses…

Agathe.

Quoi donc, ma tante ?

Madame Delaune.

Quoi donc ?… Nous allons l’avoir la famine, la disette, le maximum, et pour commencer, il n’y a plus de pain chez le boulanger.

Delaune.

Comment pas de pain ?

Madame Delaune.

Ordinairement le garçon arrive à sept heures, il en est dix, et personne… La voisine du second se trouve dans le même cas… ça va bien… c’est du propre… c’est du gentil !

Agathe.

Ah ! mon Dieu !… nous serons donc obligés de manger de la brioche…

Madame Delaune.

C’est que tu n’as pas vu ça, toi, ma pauvre Agathe… la disette… il fallait un numéro pour avoir une livre de savon et un quarteron de vermichelle… il fallait des numéros pour tout.

À la section, je me rappelle
Qu’il fallait prendre le matin,
Un numéro pour avoir sa chandelle,
Un numéro pour sa livre de pain. (bis.)
Un numéro pour obtenir la vente
D’un pain de sucre ou d’une once de riz…

Agathe, naïvement.

Et fallait-il aussi, ma chère tante,
Un numéro pour avoir des maris ?

Madame Delaune.

On pensait bien aux maris dans ce temps-là.

Delaune.

C’est pourtant alors que vous m’avez épousé.

Madame Delaune.

Parce que je n’y pensais pas !… l’on était bien plus heureux sous l’empire… le grand Napoléon !… c’était là un homme !… il pensait à tout… à qui devez-vous vos victoires… vos quais… vos arches de triomphes… votre Code civil… et vos abattoirs ?

Delaune.

Tout ça était du charlatanisme !