Page:Dumersan et Brazier - Monsieur Cagnard ou les Conspirateurs.djvu/5

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Prosper.

Il est tout diplomatique.

Juliette.

Mais si tu ne veux pas qu’on me voie avant ce soir, où vas-tu me placer ?

Prosper.

J’ai songé à tout. Il y a là une cachette connue de moi seul, faite par mon père en 1814, du temps des cosaques, pour y mettre ce que nous avions de plus précieux ; tu vas y entrer… Ce qui me contrarie, c’est d’être obligé de te laisser seule une partie de la journée.

Juliette.

Pourquoi donc cela ?

Prosper.

Tu le vois, je suis de service, mon capitaine vient de me faire dire qu’il était malade, et qu’il comptait sur moi pour commander le poste voisin.

(Il prend son bonnet de grenadier dans le carton.)
Juliette.

Je m’ennuierai bien sans toi.

Prosper.

Si ma sœur Agathe n’était pas si curieuse et si bavarde, je lui confierais notre secret.

Juliette.

Un jour est bientôt passé. Je tâcherai de me distraire… D’abord, ne pourrais-tu pas me donner à déjeuner ?

Prosper.

Le buffet est dans la pièce voisine, je vais… Ah ! mon Dieu ! j’entends du bruit ! on vient ! Vite, vite à la cachette.

(Prosper pousse le panneau, et Juliette entre dans la cachette avec ses paquets.)

Scène II.

AGATHE, arrivant vivement, PROSPER.
Agathe.

Tu es seul, mon frère ?

Prosper.

Tout-à-fait, ma sœur.

Agathe.

Avec qui parlais-tu donc ?

Prosper.

Avec personne.

Agathe.

C’est singulier… J’avais cru entendre tout à l’heure…