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discipline militaire, qu’on les dégradant par des coups de cane, de fouet et de Knout ; ce sont plutôt des machines que l’on dresse à sa volonté que des hommes ; ils sont dépourvus des vertus qui font les héros.

Comme il faut beaucoup plus de tems pour former ces soldats-machines, on n’en répare la perte qu’avec difficulté ; les défaites leur sont beaucoup funestes qu’aux soldats-citoyens. Le tyran qui a perdu son armée, a tout perdu.

Du moment que les Romains perdirent leur liberté, leurs vertus militaires cessèrent, et leur valeur se montra ensuite à peine.

Au commencement du règne d’Auguste les plus braves citoyens périrent dans les guerres civiles, où une multitude de romains furent tués avec Brutus, Cicéron et Cassius ; et, par des proscriptions sanguinaires qui suivirent, les plus dévoués défenseurs de la liberté furent indignement massacrés par les soldats et les satellites du tyran, qui, ayant assujetti le monde, ne fut seulement entouré que de flatteurs, de favoris et de viles créatures du pouvoir ; alors la liberté devint une ombre vaine, et son esprit s’enfuit. Ayant détruit tant de courageux romains, et abaissé les autres sous les chaînes de l’esclavage et de la corruption, Au-