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guste sentit la difficulté de former une armée romaine, et il eut à déplorer la perte de ses légions sous Varus dans la Germanie.

Ses successeurs furent pires ; ils menacèrent détruisirent tout ce qui avait l’apparence de la vertu et de la bonté ; et dès le règne de Tibère, cet empereur, d’après Tacite, n’ignorait pas que son empire était plus supporté par la grandeur de la réputation des romains, que par une force réelle qui ne faisait que s’affaiblir chaque jour.

Les Romains n’étant plus des hommes libres, la plupart de leurs gouvernemens se trouvèrent dans un état continuel d’oppression et de massacres. Les tyrans les gouvernaient, et les soldats élevaient et gouvernaient ces tyrans ; ils les massacraient s’ils n’étaient des bourreaux.

Quant aux vertus militaires, elles n’existaient plus : les bandes prétoriennes étaient des troupes de bourreaux ayant l’Empereur à leur tête ; l’Italie et les provinces souffraient d’épuisement ; le peuple romain représentait une populace corrompue, paresseuse et débauchée, qui s’occupait peu de ceux appelés au pouvoir ; aussi se contentait-elle de demander du pain et des spectacles. Les armées des provinces, com-