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la conquête. Exemple imposant de la perte de sa liberté et des résultats de la tyrannie.

Le jésuite Nicolas Pimenta, qui était au Pégu il y a environ 230 ans, fait ce rapport : — Le dernier roi, dit-il, était un puissant monarque, il pouvait conduire au champ de bataille un million et soixante mille hommes, en prenant 1 sur 10 ; mais son fils, par ses guerres, ses tyrannies, ses meurtres et ses cruautés, a fait un tel carnage de ses sujets, qu’il n’en reste plus qu’environ sept mille personnes, hommes, femmes et enfans.

Quel exemple effrayant de la nature pestilentielle de la tyrannie !

Les tyrans, à la honte de l’humanité, ont placé leurs peuples au-dessous de la brute. On les a vus faire donner à leurs éléphans et à leurs chevaux les alimens qui servaient à leur nourriture, dans des plats d’or et d’argent, et contraindre les peuples à leur rendre des hommages respectueux ; témoignant par-là que ces animaux leur étaient plus chers que leurs sujets.

Vivre en sécurité, heureux et indépendant d’autrui, ce sont la fin et les effets de la liberté, l’ambition de tout homme sensé ; et comme le bonheur est le résultat de l’indépendance, que cette indépendance ne peut se procurer que par