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Page:Dumont - Éloge de Malesherbes, 1821.djvu/21

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Vos destins importans sont souvent en vos mains.
Unissez vos efforts et votre vigilance,
Et vous affermirez une sage puissance.
N’attendez pas, hélas ! pour concerter vos soins,
Que l’état accablé sous le poids des besoins
Ne puisse être étayé d’un appui salutaire.
Trop de retardement entraîne d’ordinaire
De funestes effets, des révolutions
Que ne peuvent calmer vos résolutions.
Une fatalité semble alors tout conduire,
Et des maux inouis se voient enfin produire.

Si vous ne veillez pas, l’état tombe en langueur,
La moindre alarme alors vous frappe de stupeur,
Tandis qu’accoutumés à suivre avec prudence
Les mouvemens qu’aura cet état en silence,
Vous découvrirez mieux les oscillations
Qui pourront résulter du jeu des factions.

Une convention, qui croit être la France,
Exerce dans l’état la suprême puissance.
Le sort de son Monarque en ses mains est remis.
À côté d’elle, hélas ! s’est formé dans Paris
Un pouvoir tyrannique, atroce, abominable,
Qui cherche à provoquer un arrêt exécrable.
On va juger un Roi : cette décision,
D’un si grand intérêt pour notre nation,
Devrait être rendue avec calme et sagesse,
Et loin du soufle impur de la scélératesse.
Que dis-je ? ah ! pouvait-on jamais juger ce Roi
sans nuire à la patrie et violer la loi ?