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Page:Dumont - Éloge de Malesherbes, 1821.djvu/22

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Des massacres sans nombre ont glacé d’épouvante
Même les partisans de la grande tourmente.
Des hommes forcenés, un poignard à la main,
Demandent le trépas de notre Souverain.
La Révolution n’a plus rien qui la guide ;
Rien ne peut réprimer une rage homicide.
L’être le plus impur, l’homme le plus affreux,
Peut exercer par-tout ses crimes désastreux.
Oui, la France est livrée à l’horrible anarchie,
Et la Convention n’en est point affranchie.
Dans son sein même alors sont des dissentions.
Qu’elle va s’attirer de malédictions,
Si l’on ne la voit pas être assez magnanime
Pour sauver en ce jour une grande victime,
Sans redouter ainsi le fer des assassins
Qui veulent voir par elle accomplir leurs desseins !

Louis vient comparaître au milieu du prétoire ;
On veut l’humilier, on augmente sa gloire.
Qu’il montre de sagesse et quelle dignité
Rehausse de ses traits encor la majesté !
La vertu la plus calme en son visage est peinte,
Tandis qu’il voit régner autour de cette enceinte,
La plus farouche audace aux yeux étincelans,
Qui fait tout retentir de ses cris effrayans.

Mais pour sauver Louis, dans cette circonstance,
De ses nobles foyers, Malesherbes s’avance.
Il a sollicité le précieux honneur
Que fait jaillir sur lui la plus grande faveur.
Son ame déploierait toute son énergie