Aller au contenu

Page:Dumont - Éloge de Malesherbes, 1821.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Événement terrible et vraiment désastreux !
Devant ses yeux il voit immoler sa famille :
Son gendre Rosambo, son épouse et leur fille,
L’époux de celle-ci vont terminer leurs jours
Avant que de sa vie on ait tranché le cours.
Quel spectacle, grand Dieu ! pour les regards d’un père !
De toutes les douleurs elle est la plus amère.

Malesherbes, ta mort est un bienfait pour toi,
Tu meurs avec courage et digne de ton Roi.
Ton trépas est pour nous un malheur lamentable.
Qui pourrait égaler cet homme incomparable ?
Un homme qui soit né dans le sein des grandeurs,
Que n’aient point endurci les titres, les honneurs ;
Un homme en qui le Prince ait toute confiance,
Et dans qui les sujets placent leur espérance ;
L’énergique soutien des hommes opprimés,
Le défenseur zélé des sages libertés ;
Un grand homme d’état dont la vertu publique
Fortifia toujours la saine politique ;
Un Conseiller sincère à la cour de son Roi,
Un Ministre fidèle au Monarque, à la loi ;
Un Magistrat affable et plein de vigilance,
Qui proscrivit toujours l’injuste intolérance ;
Un homme simple, doux, aimable, généreux,
D’un esprit étendu, profond, laborieux,
Méthodique, éloquent, plein d’ordre et de sagesse,
Dont le cœur fut exempt de fougue et de faiblesse ;
Un digne protecteur des sciences, des arts,
Qui toujours fleurissaient sous ses puissans regards ;
Une ame indépendante et vraiment élevée,