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Page:Dumont - Éloge de Malesherbes, 1821.djvu/28

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Il entre : tout se lève à son auguste aspect,
Chacun vient lui donner des marques de respect ;
Et lui, d’un air serein, d’un ton modeste et sage,
De tous leurs sentimens il accepte ce gage.

Bientôt il comparaît devant ce tribunal
Qui déploie sur la France un pouvoir infernal.
Par sa présence alors, ces juges implacables
Semblent rougir enfin de leurs vœux trop coupables.
Il montre un noble orgueil en voyant ces pervers.
Quand ils inventeraient des supplices divers,
Ils ne mettront jamais la crainte dans son ame ;
D’un héroïsme pur il sent toute la flamme.
En voyant ce vieillard que vénérait Thémis,
On dirait que leurs cœurs se trouvent attendris.
Lui de la grandeur d’ame est la parfaite image.
Ils ne peuvent fixer son auguste visage,
En prononçant, hélas ! cet exécrable arrêt
Qui des cœurs vertueux fait frémir l’intérêt.
Il entend proférer cette inique sentence,
Sans trouble et sans effroi, dans un profond silence
Mais ce silence encore exprime éloquemment
Toute l’atrocité de l’affreux jugement.
Force de la vertu, belle et noble assurance,
Que ne peut point abattre une injuste puissance,
Calme de l’innocence au milieu des revers
Ta constance sublime étonne l’univers !

Quelle scélératesse ! ah ! quelle horrible offrande
Que le crime à la terre en ce jour lui demande !
Ô jour funeste, hélas ! ô moment trop affreux !