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— VII —

Mais voici les prophètes : les académiciens, un peu gâteux dans leur infatuation des mots. Ils sont, par présomption, la jeunesse éternelle ; ils pensent comme à vingt ans et comme il y a huit cents ans.

On connaît leur légende, la chanson du berceau. L’amour, c’est Louison la bergère, à l’horizon borné par Blaise, Pierre, Lubin, Lucas, les coqs du village.

C’est encore la fiancée candide, que la pudeur secoue et dont la main tremble dans celle de l’épouseur.

Un point : c’est tout.

On connaît la suite.

Les escadrons de la zone galante encadrent les Louisons de toutes les bergeries premières, et la mondanité à toutes guides place à son pinacle les tendres épousées dont le front ne rougit plus et dont la main est maintenant sûre.

Mais les académiciens ne connaissent pas ça ; la lettre en eux tue l’esprit.

Trois fois hérétique serait celui qui leur soutiendrait que l’amour, comme l’argent, n’est qu’une compétition de sensations réfléchies qui s’exacerbent dans la jouissance et par la concurrence.