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tère l’autre. Les deux lui étaient nécessaires pour lui éviter de se casser le cou, et il était trop roublard pour ne pas avoir immédiatement compris les avantages de sa situation duplexe.

Il était 3 heures lorsqu’il avait quitté l’avocat-député.

Il se rendit au café de la Paix pour y lire les journaux et prendre le vent de Paris au sujet de l’affaire Blanqhu.

Il put se convaincre ainsi que rien n’avait encore transpiré dans les bureaux de rédaction de la presse parisienne, ni de l’affaire, ni de l’action du Parquet.

Il allait quitter le café après avoir allumé un cigare, lorsqu’il remarqua, adossé au divan en équerre de la salle du milieu où il se trouvait, un type dont la figure le frappa.

— Où ai-je vu cette tête-là ? se demanda-t-il.

Le consommateur, un type de rasta comme on en rencontre tant sur le boulevard parisien, battait pavillon de la fashion avec une rosette multicolore à la boutonnière. Impérieux, il appelait les garçons pour leur demander tous les annuaires l’un après l’autre, tout en roulant des cigarettes.

Sa peau bronzée, ses yeux noirs luisants comme des escarboucles, ses lèvres sensuelles au rictus moqueur, lui donnaient un air de bandit heureux.

Tout à coup, un souvenir s’éveilla, prit forme et finit par se dégager clair dans la masse des images