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qu’il avait reçue d’Aglaé Matichon, pour comprendre qu’il assistait au concert spasmodique de lesbiennes.

Il risqua un œil en soulevant la courtine du divan.

Les deux femmes se déshabillaient et bientôt leurs beaux corps apparurent sans voile.

La lampe de pied fut éteinte ; seule la lumière douteuse de la veilleuse continua à éclairer la chambre et les opulentes plastiques des deux chevalières du Clair de Lune, se torsant fantastiques, dans la pénombre ambiante.

En les voyant disparaître, il devina qu’elles se coulaient chatteusement dans les draps du lit, puis ce fut une longue agonie de béatitude synthétisée à son oreille par des murmures de séraphiées, des susurrements de baisers, des cris d’hystériques et des gammes de pâmoisons.

Et cela dura des heures et des heures.

Le beau cocher maudissait sa mauvaise chance.

Vers le matin seulement les deux lesbiennes s’endormirent.

Agénor profita de cette accalmie pour s’éclipser.

Il avait les membres ankylosés.

— Je veux être pendu si on m’y reprend, se dit-il en regagnant son perchoir.

Il se consola en pensant que la duchesse ne pouvait manquer de devenir enceinte de ses œuvres ; il avait assez travaillé pour cela.