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boucher d’Anvers, Polonais d’origine. Une faillite frauduleuse avait mené les deux époux à Marseille, où le mari mourut.

Sarah, jeune encore, vendit le fonds et courut les villes d’eaux, se donnant pour la veuve d’un banquier hollandais. À Wiesenbath, elle gagna à la loterie, tirée par un officier bavarois, sa première fille Judith. Rachel fut le gage d’une partie de tourniquet à Monaco.

Un jour, elle se trouva sans ressource avec ses filles sur les bras. Les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, qui ont la spécialité de toutes les gaffes, s’intéressèrent à elle et la placèrent chez un vieux banquier de Nice, déjà gâteux, qui en fit une maîtresse-servante. Elle abrutit tellement le podagre par ses caresses d’agenouillée, qu’elle parvint à lui faire accroire que sa dernière fille était de lui.

À sa mort, elle se trouva portée, ainsi que Rachel, pour une somme importante sur le testament. Mais les héritiers naturels surveillaient les agissements de l’ex-bouchère, qui fut trouvée nantie d’une cinquantaine de mille francs de valeurs, qu’elle avait détournées de la succession.

Une somme de dix mille francs lui fut laissée pour prix de son désistement. Avec cet argent elle redevint la veuve du banquier hollandais, faisant la navette entre Nice, Monte-Carlo et Monaco, for-