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tion des valeurs de la Banque de Belgique dont son ami T’Kindt de Rodenbeck s’était constitué le conservateur.

À elles deux, elles donnèrent à la vie galante un faste que Bruxelles n’avait jamais connu ; Micken tenait cependant la cote à un prix bien supérieur à celui de son amie.

Mandée un soir à l’hôtel du Commerce de la rue de Lécuyer, qui, à cette époque, servait de théâtre aux exploits des fêtards brabançons, elle se trouva devant un Anglais splénique, en costume de sauvage, attablé devant une table copieusement servie.

La belle Hollandaise comprenait vite les situations et elle avait le geste leste ; en trois temps de dégrafage, elle se trouva à l’unisson de son partenaire.

L’Anglais l’évalua d’un coup d’œil.

— Combien, dear, pour une semaine ? lui dit-il.

— Une livre l’heure, répondit la courtisane, aussi laconique.

L’insulaire se leva, l’examina scrupuleusement avec toute l’attention d’un maquignon émérite, puis prenant son carnet, il se rassit et se mit à poser des chiffres sur le papier.

Pendant son travail, elle l’entendait marmotter :

— Very fine, very beautiful, but much dear… yes, very a high price… but very select… Oh ! yes, smarting like a godness.