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qui n’y venaient que pour jouir d’un spectacle ultra-naturaliste : dépravation essentielle aux surmenages intellectuels qui ne peut plus être niée.

Il ne faut pas avoir longtemps vécu dans certains milieux mondains et artistiques pour connaître la pathologie psychique de leur constitutionnalité érotique. Nous vivons à une époque de transition où les mœurs publiques s’inspirent bien plus du paganisme que de l’idéal religieux, et même dans la religion tout redevient païen. Nous n’en sommes pas encore au point où le panthéisme de l’amour sera forcément la loi, mais le monde intellectuel y incline visiblement. Le culte a ses adeptes nombreux, ses daphnéphories, ses aphrodisies, ses prætides, ses lemniennes, ses pasaphées, ses Phèdres, ses filles de Cinyre et ses centaures, au moins artificiels. L’état d’âme est une érotomanie concentrée, franc-maçonne encore dans ses démonstrations ; en tout cas, bien sybarite et épicurienne. L’organisme devient peu à peu un paquet de nerfs que la moindre répercussion voluptueuse au cerveau révolutionne, fait vibrer. On est érotique des sens, mais on l’est bien plus intellectuellement. Les scènes savamment actionnées par les imprésarios de l’érotomanie sont devenues la grande attraction, un besoin même, pour les esprits surmenés. C’est la suprême éthérisation des sens et du cerveau, dans le repos du plaisir annihilant la