qui paraissait le payer de retour. Une après-midi,
je me présentais chez lui, pour lui faire mes adieux
après avoir été retenu deux fois à dîner par sa
charmante femme. Il était absent. Celle-ci me reçoit
dans le salon domestique avec autant de prévenance
que d’empressement, me fait voir la maison
en me parlant des réelles qualités de son mari. Arrivés
dans sa chambre, elle s’étend soudain sur le
lit en me découvrant d’adorables trésors de séduction.
Que se passa-t-il dans mon esprit ? Une
imbécillité de bourgeoisisme. J’eus la stupidité de
lui parler d’honneur et je m’en fis une ennemie
pour la vie.
C’était une leçon dont j’ai profité.
— Vous prétendez que l’amour, ou plus simplement la volupté, doit primer l’amitié ?
— Aucunement, elle la fortifie. N’étant que secrétaire d’ambassade, je me trouvais un matin, je ne sais trop comment, dans le boudoir de la femme de mon ambassadeur, que je surpris dans une nudité ravissante. Comme peine à mon outrecuidance, elle ne me recommanda que le secret et la promesse de revenir. Dès ce jour, je devins le commensal de la maison, le favori du mari. La femme était divine et son mari avait six ou huit maîtresses ; je faisais donc son jeu en jouant le mien.
— J’avoue que vous me surprenez. Je ne compte que des amours vénales dans ma vie.