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— Parce que vous êtes prince, appelé à régner et que vous avez mis vos désirs à l’encan. Pour être réellement aimé et pour aimer réellement dans toute l’ardeur sympathique des mystères voluptueux, il ne faut être ni besogneux, ni prodigue. La femme n’aime véritablement que l’homme qui possède la clef de ses sens, qui en connaît la gamme et l’achromatisme, qui a pénétré sa dépravation intime.

— Qu’entendez-vous par dépravation intime ?

— Il faut distinguer la dépravation de la perversion ; c’est essentiel dans l’analyse des sentiments. J’entends par dépravation intime, la novation qui s’accomplit, soit par éducation ou révolution, dans nos goûts et nos sentiments ; cette dépravation en est le perfectionnement ou l’abaissement. Elle sera ou sublime ou bestiale, suivant le mode d’action et le milieu où le phénomène éthique se produit. Prenez l’être humain, dont la volupté ne s’est exercée qu’incidemment dans des jouissances fortuites, ou manœuvrièrement dans l’accoutumance maritale. Dans l’un comme dans l’autre de ces deux cas, c’est un être incomplet, dont les goûts et les sentiments doivent fatalement se bonifier, si, la passion aidant, il parvient, par l’éducation intuitive ou enseignée, à mieux apprécier le champ d’action ouvert au libre exercice de la volupté. Et je pose en fait, assuré d’ailleurs par l’expérience, que pas