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revivra avec passion, avec délices, si un prince, charmant ou non, vient le lire avec elle.

— C’est-à-dire si un voluptueux la pervertit des sens et de l’imagination.

— Point ; la perversion est un état d’âme antérieur à l’éclosion des sensations amoureuses, elle n’est que l’atavisme de mauvais instincts. On ne se pervertit pas, on naît perverti. L’être pervers ne peut aimer, encore moins inspirer l’amour, tout de sympathie. Il n’y a que les voluptueux qui peuvent l’inspirer en en continuant les joies par la dépravation intellectuelle.

Cet entretien avait délicieusement éthérisé les acteurs de propulsions amoureuses qui entouraient le divan où le prince et l’ambassadeur représentaient l’élément aimable des voluptueuses agapes.

À un autre groupe de tables, le royal Cacao s’ébattait en fessant ses nymphes d’orties et en les faisant concourir dans d’érotiques flagellations.

Son mentor, le capitaine de marine Van Tott, racontait une histoire rosse.

— La Belle-Paulette naviguait depuis deux mois, le compas sur les Bermudes, lorsque je m’aperçus que les hommes de mon équipage avaient perdu leur insouciance habituelle. Je les voyais fureter inquiets dans les endroits sombres, haletants, maladifs. « Je sais ce que c’est, me dis-je ; ça manque de femmes à bord. » Je descends aussitôt à la cam-