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Culture.

festins, ne doit pas être une poire au couteau, mais à cuire. Comme elle doit orner la table pendant toute la saison des dîners, elle doit se conserver tout l’hiver et ne mûrir qu’après Pâques. Il est donc nécessaire que ce soit un fruit sec et sans saveur, bon à cuire à la maturité, mais non à manger cru. Comme son mérite est dans sa grosseur, plus elle sera monstrueuse, plus elle aura de valeur. Le pied doit donc être bien fumé l’été, avec des engrais non mordants, afin de pousser le fruit à la plus forte dimension et d’en obtenir le prix le plus rémunérateur. La culture de la poire de parade est, on le voit, l’inverse de celle des autres fruits.

L’automne fournit quelques poires très-grosses qui peuvent servir à l’ornement des tables à cette époque, comme la Calebasse Carafon, le Général Totleben, le Beurré Clairgeau, le Colmar d’Aremberg, la Poire Curé, le Triomphe de Jodoigne, le Beurré Tuerlinck, mais ces fruits, remarquables par leur grosseur, la plupart de qualité assez médiocre, ne sont point durables et ne vont pas au-delà de la Noël. Les poires de parade de grand prix ne mûrissent au contraire qu’en avril et mai et sont fruits à cuire. Nous citerons les suivantes :

Gros-trouvé.
Bon-Chrétien d’Auch ou Poire d’Amour.
Belle Angevine.
Gros Catillac.
Léon Leclerc.
Bellissime d’hiver.
Dagobert ou Passe-Mansuète.
Princesse d’Orange.

Aucune culture n’est aussi lucrative que celle de ces poires, si elle est dirigée en vue de produire des fruits monstrueux. Il ne faut donc pas entourer cette culture de mépris, car en fin de compte, le jardinier travaille pour élever sa famille, et ce qui lui rapporte le plus de profit est bien digne de son attention.

Ces fruits sont d’ailleurs un précieux et magnifique adjuvant pour les expositions pomologiques, où l’on juge les poires avec les