Page:Dunan - Baal ou la magicienne passionnée, 1824.pdf/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
IOD

silence morne vraiment insupportable. Au troisième étage, Palmyre prit un couloir obscur. Au bout, une porte. La lumière l’éclaire à notre venue. Palmyre frappe. On ouvre et c’est un autre couloir où trois nègres muets sont assis dans des niches. Au bout de ce couloir, je m’arrête. L’air du dehors arrive, un air végétal, lourd et humide. Palmyre me prend par l’épaule :

— Regarde, Renée ! Ce couloir donne dans le vide, tout bonnement. Au-dessous, un précipice naturel, écornant une cour, recueillerait celui qui ferait le saut et le mènerait à trois cents mètres sous le niveau de la cour. Le trou a un garde-fou, mais non ce couloir. Si, en plus, tu apprends qu’on peut avancer invisiblement au-dessus du vide, par deux parois artificielles, un plafond coulissant et un plancher… qui bascule, tu comprendras une des originalités de cette bâtisse…

Je regardai la nuit par la baie ouverte sur le dehors. Une lumière légère m’était perceptible. Au loin, je voyais la forêt, et au-dessous l’échiquier des maçonneries épaisses au fond desquelles je devinais les cours que nous avions traversées en auto. La mutité de tous, du vent même et de ce morne séjour humain où trois