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retira le fil. Elle alla le placer dans un coin sous un robinet qu'elle ouvrit et d’où sortit avec un sifflement une forte odeur de peroxyde d'azote.

Puis elle me remit enfin le mystérieux objet.

Je le saisis avec une intraduisible terreur. Au premier contact, je ne m'y trompai pas. Quiconque a fait de la chimie avec goût, s’est donné l’habitude d'apprécier très nettement les densités courantes. Le rapport du poids au volume se perçoit clairement pour qui a cultivé une sensibilité un peu aiguë. Pour moi, ce fil, ex de fer, que j'avais déjà manié, avait augmenté de poids dans une proportion telle qu'il fallait que ce fut de l'or. Les yeux fermés, tâtant le volume et percevant la masse, je devinerais la qualité du métal. Le plomb est plus léger et le platine bien plus lourd, j'apprécie clairement leurs différences.

Palmyre me prit le fil des mains. Elle alla à une table, y saisit une pierre noire finement grenue, et frotta dessus le métal transmuté. Je vis une tache jaune sombre de particules d'or s’étaler sur la pierre. La sorcière alors prit un flacon stilligoute où était écrit « eau régale », laissa tomber avec le bouchon cinq gouttes de l'acide qu'il contenait sur la tache jaune sombre