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BAAL

où j'avais vu la femme blonde et agonisante. Autour de moi tous les appareils que Palmyre m'avait expliqués fonctionnaient comme auparavant. D'ailleurs, en ce laboratoire où aucune fenêtre n'était apparente, on devait vivre sans connaître jour ni nuit. Quatre lampes à arc placées au plafond éclairaient à plein. Je restai muette, incapable de reprendre pied dans la vie, les muscles atones, mais les yeux ouverts, et j'enregistrais avec une inconsciente minutie tous les détails de la tragique scène.

Le fou sortit du laboratoire, laissant les deux nègres en faction devant moi, puis il revint avec une sorte de manipule en broderie d'or, un morceau de dentelle ancienne, en forme de croix et une tiare. Il me plaça la dentelle sur le ventre, le manipule sur le poignet et la tiare sur la tête, puis il entonna un hymne barbare, en une langue inconnue, dont les deux nègres impassibles fournissaient les répons.

La scène épouvantable et burlesque dura un quart d'heure. Enfin le faiseur d’or cria d'une voix respectueuse des phrases terminées par « Tedulah, Meshach, Jah, Jah, Jah ? ».

C'était peut-être la fin. Il prononça ensuite trois fois des paroles hébraïques où je reconnus les mots Adonaï et Aeloims puis, s'appro-