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chant, me posa sur la poitrine, entre les seins, une sorte de petit reliquaire d’or ou de cuivre, épanoui en soleil, au centre duquel naissait une sorte de phallus.

Les nègres, à leur tour, se se prosternèrent, tandis que le fou reprenait ses vaticinations absconses. Il se coucha au sol, qu’il frappait même du front, je crois, en psalmodiant une sorte de psaume où revenait le mot Asmodée.

Je me sentais devenir folle. Au-dessus de moi, les arcs électriques m’aveuglaient. Ce cérémonial absurde et redoutable, évoquant je ne sais quels Sabbats ou Messes Noires d’antan, me faisait entrer vive dans le définitif tohu-bohu mental. Le respect de ces gens qui allaient me tuer était surtout terrible. Cela me faisait grincer des dents.

Enfin le gnome alla chercher un tube de verre qu’il apporta avec componction. Quand je le vis de près, je reconnus qu’il était plein de sang. Une nausée me saisit la gorge…

L’homme m’aspergea de ce sang en proférant de sataniques et démentes formules baptismales. Une goutte me sauta sur les lèvres. Le nez serré comme les malheureux à l’agonie qui appellent l’air de leur bouche ouverte, je tentais de respirer. La goutte de sang me coula