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— Allez ! dit-il alors aux nègres.

Ceux-ci enlevèrent la pierre qui pesait sur moi, et en posèrent l’extrémité sur mes lèvres pour me permettre de la baiser. J’eus, sous le contact froid et appuyé de ce fétiche, de cette pierre puante et sans doute souvent ensanglantée, une telle constriction de la face que la force me revint, et la connaissance de l’immonde scène… et l’espoir absurde de vivre.

— Je t’aime, ô Inconnue, proférait le gnome, et c’est à toi de m’aimer en te faisant or pur.

Il leva au ciel deux mains orantes, puis se mit encore en prières, en implorations macabres et diaboliques, tandis que les deux nègres s’approchaient, l’un tenant une coupe de verre ou de matière transparente, l’autre un couteau flammé.

— Au poignet droit, dit le fou.

Le poignet retiré de ses liens fut tiré et tend plus loin que ma couche au-dessus du sol ; on plaça les courroies au-dessous du coude, pour que je ne pusse toutefois remuer. Enfin, la coupe fut tendue pour recueillir le premier sang, et le tube de verre coudé qui devait amener ensuite ma vie dans les cornues du faiseur d’or fut situé sous ma main. Tout cela