Page:Dunan - Baal ou la magicienne passionnée, 1824.pdf/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
BAAL

dans la bouche. La sensation fut si révoltante, venue après ces trois quarts d’heure de tragédie maniaque et mortelle, que je m’évanouis.

 

Je revins à moi au bout d’un temps indéterminé. Que m’avaient-ils fait encore, durant ma syncope ? Je n’ai jamais osé le demander à Palmyre, plus tard, car elle le sait…

Je n’avais plus sur moi le manipule et la dentelle, ni la tiare en tête, ni le reliquaire, mais une sorte de pierre à base cubique, terminée en un tronc de cône noir, me pesait sur le ventre. Le gnome était invisible, mais j’entendais une façon de litanie venant du sol où je ne pouvais pas regarder. De plus, ma tête refusait de bouger et j’étais lasse, lasse… Enfin, il y eut une sorte de procession, issant de la pièce voisine et le fou reparut derrière les nègres, vêtu de rouge, avec une sorte de fleur monstrueuse à la main, qu’il portait comme un cierge. Il marchait gravement, l’air digne et pensif. Voyant mes yeux ouverts, il s’approcha :

— Sois heureuse, ô mon épouse, et épouse de Baal ! Sois heureuse enfin, car ton sang va couler. Tu l’offres à ma puissance qui est la puissance de l’or !