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TSADÉ

d’Hellade, svelte, catégorique, despotique et douée d’une fascinante ubiquité.

Elle menait à la baguette une clientèle de politiciens, de banquiers, d’écrivains, d’hommes lourds et sceptiques, qui pliaient devant elle comme des joncs. Toutes les femmes de théâtre, d’argent et de mondanités avaient eu, une ou cent fois, recours à Palmyre. Elle les avait grugées et traitées durement. Les plus rudoyées parlaient pourtant d’elle avec tendresse. Les hommes mieux encore…

Elle prédisait les avenirs les plus mystérieux, faisait aimer les amants les plus hostiles, magnétisait, pour des buts variés et cocasses, les stylos, pyjamas, bracelets, chemises, papiers à lettres, vers d’amour, fauteuils ou objets plus délicats à citer…

Elle apprenait aux héritiers à envoûter de loin un parent trop attaché à la vie, faisait gagner aux courses ou au baccarat, vendait des philtres d’amour, de volonté ou de vengeance, rééditait messes noires et cérémonies maléfiques de tout ordre ; enfin elle avait ressuscité toute la magie médiévale.

Elle gagnait un argent fou, réclamait dix mille francs pour une consultation de cinq minutes et de véritables fortunes pour toutes