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BETH

égard, toute la théologie se trompe à vouloir faire sortir le mal de l’absolu. Il est vrai que la récompense du bien étant le bien lui-même, paraît insuffisante à mettre humainement en parallèle avec le plaisir que donne Baal.

Je répondais :

— Alors, le bien est gratuit, sans rien qui en explique l’attrait.

— Renée, le propre du bien, c’est qu’il doit être désintéressé. S’il y a récompense il y a paiement. L’acte humain qui s’achète se nomme « le mal ».

— Mais au delà de Baal ?

— Qui sait, Renée ! Je tiens la force satanique pour parasitaire, et sans nul doute il y a autre chose encore. Mais sache bien que le concevable n’est pas indéfiniment extensible, et, comme l’Indou qui nous dépasse en sagesse, tout ce qui sort de la pensée déjà étirée ne comporte plus qu’un symbole possible, un mot qu’il soit par exemple défendu de prononcer. Je pense, à ne te rien cacher, que nous sommes en chaque être une multitude d’êtres vivant individuellement sur un plan supérieur à Baal, et dont notre moi humain est une sorte de moyenne arbitraire et influençable. Mais il faut, pour « réaliser » cela, soit sortir de la durée, soit