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TSADÉ

quarante-cinq degrés sur le plancher. Le regard de la jeune amoureuse y plongeait droit.

L’ovale soudain, — et ma stupeur fut infinie, — sembla se remplir de nuit. L’air s’y condensait en une masse lourde et opaque, puis on eût dit que ce fut une eau qui dansait comme dans un vase agité. Cette eau était d’abord de couleur sombre, elle s’éclaircit, devint blanchâtre, eut l’air de se pétrifier sous une étrange lumière argentée, et s’immobilisa enfin, plane et profonde.

C’était un miroir…

Des formes naquirent dans le miroir : un appartement galant, avec des estampes de chasse aux murs, des divans chargés de coussins aux couleurs tendres, et du linge féminin jeté négligemment sur un pouf bleu.

Un homme entra. Grand, svelte et souriant. Un pantalon de pyjama rose le vêtait jusqu’aux hanches, il avait le torse nu. Il s’assit et alluma une cigarette.

— C’est lui, dit la jeune femme avec une terreur lascive…

Et on eût dit qu’elle allait se jeter sur l’homme au torse nu, qui s’arrangeait commodément parmi les coussins.

Mais la scène prit un aspect nouveau. Vêtue