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BAAL

de ses seuls bas couleur chair, d’une chevelure blond ardent et d’un collier de perles à trois rangs, une jolie fille, âlacre et bénévole, apparaissait, un verre à la main. Elle but d’un liquide rouge sombre, posa vite le verre et vint s’étendre sur le divan déjà occupé…

Les deux amants jouèrent d’abord aux jeux innocents, puis…

L’amoureuse trompée eut des hoquets de fureur. Une crainte superstitieuse l’immobilisait encore, mais, placée à sa gauche, je la voyais s’agiter comme un arbre dans l’orage. Jamais sans doute, femme ne s’est ainsi vue, contemplant les ébats de son propre amant avec une autre femme ! trente secondes passèrent, lentement, puis, devenue incapable de résister à sa colère, l’amante déçue se leva et, furieuse, se rua sur le miroir magique. Elle y enfonça farouchement les deux mains, comme si elle pouvait ainsi se venger sur le couple enlacé…

Palmyre s’était levée avec un cri. Trop tard ! Happée par la mystérieuse surface que ses mains troublaient subitement, la jeune femme semblait s’enfoncer dans l’ovale évocateur et y disparaître. Quelle extraordinaire sensation, absurde et pourtant réelle, était lue