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TSADÉ

Il m’était impossible de dégager du spectacle que j’avais devant moi le réel de l’imaginé. Mais y avait-il là rien de réel, et quelle imagination me fit voir que la bête prenait Palmyre ?

Je fis un pas en avant. Mon pied éteignit une langue de feu et je sentis la chaleur du tapis comburant lentement qui montait sous ma jupe.

Je levai le ballon. Ma main collée à la cucurbite y adhérait bien d’un effort secrètement violent. J’abaissai le bras. Le col du ballon heurta une table d’acajou, pentagonale, au centre de laquelle brillait une boule hypnotique. Le col éclata, le liquide se répandit en deux jaillissements qui me firent cruellement songer aux deux jets de sang issus des carotides, chez un être décapité. Le liquide, jaune, jaillit rouge… Il se volatilisa subitement, répandant des nimbus de vapeurs rutilantes, de même saveur que les vapeurs nitriques. Je reculai d’un saut en éternuant. Rien n’était changé dans la pièce, et pourtant, un instinct, une sorte de connaissance émanant de secrètes cryptes de ma conscience me disait que devant moi une chose mystérieuse s’accomplissait…

Les vapeurs azotiques, où d’aspect azotique, flottaient en deux courants que je voyais bien,