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BAAL

— Ah, Renée, je n’aime pas à m’exprimer là-dessus comme dans les livres obscènes, avec un grand luxe de détails. Il faut que tu comprennes. Je vais tenter un exemple. Voici un homme bien élevé qui s’est, durant d’impuissants rêves adolescents, laissé hanter par l’idée des nudités féminines.

Le fait est fréquent. Il correspond à la haine du catholicisme pour le nu. Le nu prohibé devient chez certains un excitant souverain, puis, avec l’âge, le seul.

— Je vous suis.

— Suppose maintenant une femme dont l’éducation ait porté et réussi à imposer dans l’âme la honte du nu.

Cette femme ne perdra pas tout tempérament, elle pourra, provisoirement, oublier son horreur de la nudité, mais, avec l’âge encore, l’éducation profondément soudée aux instincts ramènera la honte du nu.

Marie ensemble, cet homme et cette femme ; fais-les aimer aussi passionnément que tu voudras, lorsque la fièvre des premières expériences sera passée, tu les verras impuissants à se prouver leur amour. Elle sait que son mari la voudrait nue, et sa honte domine son désir de le satisfaire. D’ailleurs elle pense que la