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SAMECH

nudité nuit au véritable amour, lui croit lire, dans la honte de sa compagne, une froideur qui suffit à le glacer, et tous deux, incapables de réaliser leur affection contre les inhibitions artificielles qui possèdent leur volonté, sont plus séparés que par des abîmes ou des océans.

— Vous m’ouvrez d’étranges perspectives.

— Rien que le vrai. J’ai choisi deux impulsions très connues : la honte d’être nue chez la femme et le goût de la nudité par l’homme chez sa partenaire. Mais il en est d’autres, une infinité d’autres. L’amour se soumet souvent à de très minuscules clauses et leur non-accomplissement l’annule lui-même. y a des formules de vie, de paroles ou d’actes qui sont inoffensives en réalité, mais pour tels elles sont érotiques. Il ne suffit pas à la femme de se sentir aimée, il faut qu’on lui parle amour selon une clé, dont elle n’a pas conscience, quoiqu’elle en soit pénétrée. Sans la clé, elle reste de glace, malgré la flamme secrète qui la domine. Et ce que je dis pour la femme vaut pour l’homme. Si le catholicisme a si prodigieusement développé l’érotisme, c’est que par ses inhibitions générales, il a développé les hantises secrètes. Par son éducation antisexuelle, il a multiplié les attitudes fixes, nées d’une