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BAAL

de cette salacité qu’elle étalait en paroles, alors que je ne lui savais aucun amant, tout enfin, dans ce moi paradoxal attirait et portait à une affection délicate. Mais elle décourageait la sentimentalité. Elle avait du goût pour le vice, non pour le vice vécu mais pour le vice créé. Il y avait en elle quelque chose de désespéré qui se voulait satanique. Étrange femme, dont j’eusse aimé connaître les faiblesses !

Elle avait une énergie prodigieuse, et une sorte de passion pour les attitudes molles d’odalisques. Je suis certaine qu’elle se sentait regardée par moi tandis que je songeais tout cela. Pour cette cause elle s’immobilisait avec une intention qui me restait obscure.

Elle décroisa ses mains, les plaça sur son genou levé, et accusa ainsi la dislocation du bassin, faisant presque l’équivalent de ce que les danseuses nomment « le grand écart ». Le fourreau de soie qui la vêtait, cousu étroit, se tendit comme une voile par gros temps, entre les deux genoux.

Du jarret étroit à la cheville mince, la jambe pendante à terre était, à elle seule, belle comme un beau corps. La douceur de l’infléchissement du mollet, la grâce de son épanouissement qui se refermait plus haut comme une tulipe, tout