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SAMECH

ce jeu de lignes incurvées, limitant une vie active dans une chair chaude, emplissait le regard d’une sorte de joie harmonieuse. Le pied, maigre et petit, chaussé d'une sandale rouge, large de deux doigts, s'agitait sur la cheville comme une bête attachée. Alors Palmyre tourna vers moi ses yeux magnétiques. Je vis, au milieu des sclérotiques lunaires, jaillir une sorte de flamme orangée. Je crois que les iris de l'étrange sorcière étaient non point circulaires, mais fusiformes. Je sentais une sorte de chaleur panique venir à moi par ces yeux. Ils contenaient quelque chose de félin mélangé d'un mystérieux au-delà. Je bandai ma volonté et me dirigeai vers la porte. Il me parut qu'elle résistait, puis je l'ouvris. Quand je la refermai, Palmyre ne me regardait plus.

 
 

Je couchais parfois chez Palmyre, qui possédait de quoi loger un bataillon d'infanterie. Mais ce soir-là, je jugeai intéressant de méditer seule sur tout ce que m'avait exposé la sorcière. M'avait-elle dévoilé quelque chose ? Je restais dans l'étrange posture spirituelle d’une personne qui hésite à changer de religion. Vrai-