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SAMECH

trouva délicieuse l’idée de traîner une nuit durant en ma compagnie dans toutes les boîtes nocturnes de Paris. Peut-être avait-il d’autres intentions. Elles lui restèrent pour compte. Mais à cinq heures du matin, ayant beaucoup bu, beaucoup ouï de tintamarres musicaux, beaucoup vu de spectacles curieux capables de faire oublier Palmyre, je consentis à m’aller coucher. Je quittai mon cicérone il parut trouver que je manquais de savoir-vivre et Je m’en fus chez moi. Là, le sommeil m’empoigna tout de suite. À neuf heures, sitôt réveillée, pour ne pas rêver, je m’habillai et me rendis chez Palmyre. Elle sembla ne point me tenir rancune de ma fuite, la veille, et nous causâmes un moment. Je sentis une malice dans son regard quand elle me dit en désignant la toile de Hornéatz :

— As-tu rêvé à Baal.

Je lui dis ce qui m’était arrivé, puis en conclusion, que je la soupçonnai de m’avoir envoyé quelques larves, succubes ou esprits élémentaires.

Elle rit.

— Renée, il se peut, mais tu as triomphé.

— Je voudrais — répondis-je — que l’aventure fut unique.