Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/103

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de la maison, voulait servir, et il s’en acquitta fort mal. Son étonnement fut réel lorsqu’il vit sa cousine, expertement, le remplacer, sans à-coups, dans une demeure qu’elle ignorait. Elle découvrit un tire-bouchon, qu’il ne savait où prendre, et fut en quelques minutes si familière avec les aîtres que ç’en parut merveilleux. Un homme mûr eût vu là des prédispositions ancillaires spontanées, mais Jean ne voulait point supposer que sa cousine eût une âme de servante, et il préféra s’extasier sur son esprit comme devant une révélation.

Le temps coula. Bientôt on en fut au dessert. Jean étala des liqueurs auxquelles Lucienne voulut largement goûter. Au début il éprouva quelque gêne, lui le lycéen sobre, en voyant sa cousine boire coup sur coup les verres d’alcool. Mais il y découvrit enfin de l’agrément parce qu’elle devenait ainsi plus familière et mieux oubliait sa prudence.

Pour être au diapason, il but lui aussi.

Lucienne disait :

— Jean, tu m’as tutoyée une fois cette nuit. J’exige que tu me tutoyes désormais.

Elle riait, nerveuse et féline, l’œil en coin.

— Oui, Lucienne. Je vais te dire « tu ».

— Parle alors, que j’entende ton « tu »,

— Tu es jolie.

Elle devint sérieuse, avec duplicité.