Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/114

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Jean parla fièrement, satisfait de retrouver la maîtrise de l’entretien.

— Lucienne, j’ai décidé ceci : Angèle va venir pour le dîner. Vous irez attendre dans ma chambre. Ce sera court. Elle ressortira ensuite jusqu’à trois heures du matin. Nous dînerons donc, et à onze heures, nous sortirons ensemble. Vous connaissez notre petit jardin de Bel-Ebat ?

— Oui, je ne l’ai jamais vu, mais je sais qu’il existe.

— Mes parents n’y passent plus jamais. Angèle seule va cueillir les fruits à leur saison. Pas en ce moment d’ailleurs. La maisonnette est très habitable. Nous allons faire un paquet de victuailles et vous irez y vivre jusqu’à ce que j’aie pu vous procurer l’argent ou arranger quelque chose d’autre. Je tâcherai de faire au mieux. C’est une question de sept ou huit jours. Je viendrai vous voir la nuit. Cela vous plaît-il ?

— Oui, mon cousin !

Elle redevenait serve, devant les décisions nettes. Jean fut soulagé. Il regrettait certes certaines minutes dont il eût pu profiter tout à l’heure. Mais, homme pondéré et sage, il était en ce moment mieux qu’un amoureux : un guide, un soutien et le sauveur sans doute de cette pauvre enfant battue par les siens.