Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/128

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nant, tous deux pouvaient admirer le ciel un peu roux sur la ville et les lignées de réverbères.

— C’est loin encore, Jean ?

— Une bonne demi-heure de marche. On n’avance pas très vite sur ce sentier.

— Dis donc, il n’y a jamais de rôdeurs par ici.

— Qui pourraient-ils espérer surprendre ?

— Ils pourraient tout bonnement chercher à se reposer dans un lieu où nul ne viendra les déranger.

— La ville est féroce pour les mendiants, les romanichels et tous les crève-la-faim.

— Ce sont des malheureux. On devrait avoir pitié.

Il se tut. Là-dessus ses idées se trouvaient faites une fois pour toutes, L’homme n’a d’honneur qu’à proportion du travail qu’il fournit. Les errants étaient pour lui une engeance méprisable.

— Tout de même, si on venait me surprendre et m’assassiner, Jean, quand je serai dans ta bicoque ?

— La maison est solide. Les portes sont de chêne et tout a été fait comme pour soutenir un siège. Et puis il y a des armes. Sais-tu manier le browning ?

— Non, pas du tout !