Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je te montrerai. Tu pourras tuer les gens.

— Je vais avoir peur.

— Quand on dit « Je vais avoir peur » la peur est partie.

— Tant mieux.

— Ça se rapproche ?

— Patiente, Lucienne. Tu es lasse ?

— Oui, ça commence. C’est curieux, Jean, ce que j’éprouve. Chez toi je me sens supérieure à toi. Tu as tellement l’air d’un élève, tu es si hésitant. On pense que tu n’es pas un homme, que tu restes un enfant…

« Mais ici je me connais sous ta protection. Tu parais robuste, puissant et décidé. Avec personne je n’aurais cette sensation de sécurité.  »

Rien ne pouvait mieux flatter Jean Dué que ces paroles. Il dit :

— Lucienne, l’existence d’étudiant comporte des sacrifices, tu dois le comprendre. Je ne connais pas la vie et presque pas les femmes !

— Mais tes joueuses de tennis, tes cousines Dué riches, tu leur parles bien, je pense ?

— Oui, Lucienne, mais je les traite comme mes camarades de classe. Je ne sais pas alors que ce sont des femmes. Je me suis baigné en mer avec elles sans penser à leur corps, nu, pour ainsi dire, lorsque le costume de bain était