Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/140

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qu’il ne désirait rien. Au demeurant, il jugeait que l’habitude de dire toujours la vérité garde sa puissante vertu : elle aide à faire admettre par autrui ce vrai invraisemblable qui advient si souvent ici-bas. Il se flattait donc que ses parents le crussent. Aucun souci pour lui de ce côté-là n’était à prévoir. Mais pour Lucienne ?

La rendrait-on à son père ivrogne et à son forgeron ? Jean sentait une profonde indignation le posséder à cette seule idée. Mais comme il était logique et ne pensait point à coups de chimères, la vraisemblance de cette conclusion le frappait. Que pourrait-on faire d’autre ? Les parents ont droit sur leurs enfants mineurs. Quant à faire déclarer les parents indignes, c’était une chose peu supposable et semée de difficultés.

Et pourtant, à y réfléchir. Jean se disait que vraiment il aimait sa cousine. Or l’amour a des droits. Quels droits ?

Un rire emplit soudain la classe, auquel il se mêla sans avoir entendu ce qui le justifiait. Le professeur s’amusait follement. Il avait avec finesse provoqué un cancre qui parlait obstinément à ses voisins. Il fallait lui enlever cette habitude en évitant de lui faire des reproches. L’art du pédagogue consistait ici à donner la leçon sans faire intervenir les