Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/148

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contre ce malheureux, et, s’il se trouve condamné à mort, le président n’osera pas le gracier. Il craindra cette burlesque et dangereuse association, créée par un député désireux d’entendre parler de lui, et qui se nomme : « Pour la stricte loi. » Tu vois la situation : L’avocat aura à plaider une cause presque désespérée, mais par contre il dispose de la preuve que son client est innocent… Belle partie, ma foi !…


Jean, ahuri, se tut. Son sentiment de la justice et de la vérité recevait en ce moment un terrible coup de hache. Alors, c’était cela l’ordre des sociétés ?

Mme Dué dit en regardant son fils inquiètement :

— Il y a de terribles devoirs dans le monde.

— Lesquels, maman ? demanda le jeune homme.

— Celui du procureur qui va requérir la peine de mort.

— J’avoue, dit franchement le jeune homme, que je préférerais à sa place démissionner que violer ma conscience et la vérité.

Le silence revint. M. Dué était un homme de haute loyauté, mais, comme tous les spécialistes des problèmes judiciaires, il ne considérait plus cela qu’à la façon d’un jeu, une sorte de délicate situation dont il fallait se sortir