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Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/162

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mière, tranquillement, en suivant du pied la dépression centrale traditionnelle.

Il n’avait pas gagné la partie la plus obscure que devant lui une ombre sortit de quelque coin caché.

Jean n’était pas peureux, il marqua pourtant une hésitation, puis il reconnut une femme.

L’inconnue s’approcha, une main prit contact avec le bras du jeune homme qui restait immobile dans son étonnement.

Il ouït alors une parole fine et tendre.

— Mon mignon, je t’attendais…

Éberlué, il ne répondit point. Souvent il était venu, le soir, errer par la ville. Mais jamais — sans doute parce qu’il suivait généralement les grandes artères — une femme ne l’avait ainsi interpellé.

La voix reprit.

— Tu as perdu la langue, mon chéri.

La mystérieuse femme était ironique, mais cordiale. Elle sut avoir affaire à un adolescent.

— Je parie que je te connais, dit-elle enfin.

— Certainement non ! repartit Jean plein de gravité.

— Ah, tu te décides à parler, rit-elle. Eh bien viens dans l’angle, là je vérifierai, et on se connaîtra.

D’une main décidée elle l’entraîna. Il obéit machinalement.