Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/192

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injustifiés, et plus encore de ceux dont la fausseté ne pût être l’objet d’aucune preuve. Ainsi des rapports de sexes. Qui pourrait établir le degré des privautés prises envers Lucienne ? Or Jean, surtout parce qu’il n’avait pas osé la toucher, tenait à ce qu’on le sût bien, si on apprenait l’histoire. Mais il devinait fort nettement que personne n’ajouterait foi à ce vœu de chasteté.

Il aurait donc le désagrément — fort amer — de passer pour un séducteur, quand lui-même s’attribuait, avec l’infatuation de la jeunesse, toute la responsabilité volontaire et calculée d’un comportement pudique et correct.

Par-dessus le marché, son avenir en souffrirait peut-être. Les faits les plus minimes le concernant lui semblaient devoir être écrits dorénavant partout en traits de feu…

Il s’agaçait donc dans sa chambre pendant que la pendulette décomptait les secondes. Lucienne lui parut de minute en minute plus détestable. Il en venait à imaginer que toute l’affaire pût avoir été combinée, avec la complicité de Lucienne et des siens, par le ferrouillard désireux de discréditer les Dué de la magistrature. Et sentant qu’il exagérait. Jean voulait exagérer encore, afin de parvenir au degré le plus haut de rancune, pour le moment où il serait à Bel-Ebat devant sa cousine.