Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/208

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son cousin, cet amour s’évapore quand elle songe au bénéfice matériel à en extraire…

Elle se laisse enfin porter par la lascive cautèle, qui, au fond, l’excite.

— Dire qu’il ne m’a pas embrassée en entrant. Quelle honte !…

Elle lui prend le visage, puis jouit de le mépriser et de l’adorer.

— Qui a-t-il embrassé ces jours ?

— Mais, cousine, je vous aime !

Il a fait cette déclaration avec franchise. De son inconscient monte toutefois en lui le confus sentiment de parler comme un sot.

Lucienne l’écoute avec une fausse attention qui la laisse libre. Elle veut sembler entendre des paroles importantes mais au fond elle rit.

— C’est bien vrai, ce mensonge-là ? dit-elle sournoisement.

— Doutez-en, ma cousine, répond Jean avec franchise et dignité. En fait, ce sera peut-être un service que vous me rendrez.

Lucienne devine la profondeur de ce mot amer et le laisse choir. Quelque chose lui dit qu’il y a là, malgré les appels de la coquetterie, une matière scabreuse à fuir aussitôt.

Un silence naît. Elle le rompt :

— Je ne désire que votre bonheur, mon cousin.

Il lève la main avec lassitude.