Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Jean !

Ce monosyllabe répété paraissait une litanie dont l’adolescente tirât une sorte de force sacrée et mystique. Elle le redit :

— Jean !

Elle eut un hoquet d’attente angoissée. Elle montrait les muqueuses de sa bouche ouverte. Lui s’abolissait en un délire inconnu et farouche. Un liquide insupportablement chaud, coulant dans ses artères, frottait de flamme les tuniques séreuses de son cœur.

— Lucienne !

Il sentait un besoin terrible d’immobilité. On eût dit que sa vie même se fit minérale. Et d’un coup un autre désir, plus véhément et plus désespéré, domina tout son être. Celui de s’efforcer comme s’il gravissait éperdument une pente roide. Son souffle s’alentit puis son cœur s’agita. Avec une souplesse féline, faite autant de savoir pressenti que d’intuition éduquée, Lucienne avait dérobé son bras droit comme un serpent mal dompté…

Jean sut à ce moment que leur étreinte devenait profonde et totale. Une détente galvanique brisa le rythme de sa vie. Une bête aux dents aiguës parut lui mordre la nuque. La douleur s’étendit, se transforma, devint une joie sirupeuse et amère. Il prit deux secondes connaissance d’un jeu complexe de contractions et