Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/232

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emplis par les flaques de fiente ou de boue piétinée, et ravinés de profondes ornières où moisissait une eau sale. Au loin, les maisonnettes aperçues avaient l’air étrangement misérable. Jean en imaginait la malproprété hideuse avec l’odeur de purin qui les entoure. La vie lui apparaissait désormais ignoble et triste en cette ville, et partout autour d’elle.

Ah ! Paris…

Paris avec Lucienne Dué, qui serait à la fois une divinité vivante, un alcool, un perpétuel désir et la justification de sa vie même.

Malgré la fatigue qui lui tirait les jarrets et lui affaissait l’échine, Jean était radieux et alacre. Il se sentait devenir un héros…

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Les ruelles vieillottes par lesquelles le jeune homme regagna sa demeure l’écœurèrent. Il avait aimé longtemps ce pittoresque de petite cité provinciale, ces gîtes à encorbellement, vétustes et croulants, ces venelles tortueuses et bordées de murs qui avaient vu cinq siècles d’histoire. Maintenant il songeait exclusivement aux vastes voiles parisiennes, que des autos ronflantes emplissent de leurs borborygmes. Il se disait même, si Paris lui devenait ingrat, que New-York, avec ses cinq ou six millions d’habitants, ferait une auréole à Lucienne Dué.

Il ne rencontra personne en ce retour tardif.