Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/245

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Un chien aboie. Quelque oiseau se plaint en l’air avec un cri hoquetant.

Un nouveau frisson repasse dans la moelle de Jean.

On dirait vraiment son nom. Mais où ?

C’est en lui, c’est la force héréditaire, vaincue et agonisante, la force qui fit l’honnêteté et la loyauté d’innombrables Dué. Elle tente encore d’éveiller la conscience de l’adolescent.

Des rainettes jettent leur cri lent et harmonieux, un crapaud laisse flotter sa note de hautbois. Le nord est maintenant couleur de perle rose. Des peupliers découpent très loin et très haut d’exquis croquis noirs sur un nuage boursouflé et violet.

Jean se remet à marcher.

La route se déroule sous ses pas comme un chemin de cauchemar. Il croyait tout à l’heure que sa fuite aurait le caractère d’un départ de courses d’auto. Mais maintenant il se sent retenu sur la glèbe qui colle à ses chaussures et il ne franchit que pas à pas cet espace qu’il avait cru dévorer d’un souffle.

Pourtant il avance. C’est derrière ce petit vallon, là-bas, sur la pente, que se trouve la maison où Lucienne l’attend. Elle a dit : « Ce soir. »

Il sait bien ce que voulait dire « ce soir », mais il lui plaît de tourner autour de ces