Page:Dunan - Eros et Psyché, 1928.djvu/247

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où il franchira la porte de sa maison. Il voit la chose, exactement telle qu’elle sera dans dix minutes. Rien ne manque à la représentation mentale. Il ouvre. La lampe est allumée à gauche du lit sur lequel Lucienne est étendue. Car où une amante recevrait-elle son amant sinon sur le lit ? Elle est couverte mais nue et il lui suffira de prendre une draperie qui la ceinture pour que le corps apparaisse.

De nouveau, il connaît le frisson qui tout à l’heure l’immobilisa, les jarrets coupés, dans une venelle de la ville.

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À force de lui représenter cette arrivée, quelque chose s’use pourtant en son pour voir d’imaginer. Maintenant il a dépassé la limite de vérité apparente que peut vivre un homme éveillé. Son cerveau se vide.

Autour de Jean Dué qui va retrouver sa maîtresse et lui porte les dix mille francs qu’il a volés à son père, la nature paraît alors, sous la lune, s’éveiller et s’égayer.

Avec un étonnement involontaire. Jean sent les perceptions matérielles substituer en lui les délires délicieux du songe. Il s’arrête encore une fois, éperdu en son reste de conscience normale, de divaguer à la fois du corps et de l’esprit.

La lune est couleur de cuivre. Elle flotte dans